Armandine Penna
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Un projet photographique et ethnographique pour garder trace de la vie en bidonville





“Le terme de « Platz » est une transposition phonétique du mot roumain plaţ qui désigne à la fois un lieu de vie, un lieu dans lequel on peut construire une maison, et aussi une place ou une cour.”

Céline Véniat, (2018), « Se faire un platz dans la ville : décrire les pratiques d’appropriation de familles roumaines vivant en bidonville »,
Espaces et sociétés, n° 172-173(1), 127-142.






C’est le mot utilisé par les familles Rom pour désigner ces lieux de vie informels constitués de cabanes en tôle et de caravanes qui se sont déployés ces dernières décennies aux marges des grandes villes. Dans les mots de la politique publique, on les désigne désormais sous le terme de « bidonvilles », après les avoir longtemps qualifiés de « campements illicites ».

Depuis 2024, Armandine Penna (journaliste et photographe) et Frédérique Letourneux (journaliste et sociologue) documentent la vie dans le bidonville de la Prairie de Mauves, un platz situé à l’est de Nantes (44) sur un vaste terrain pollué, qui serait le plus important de France métropolitaine. Un projet de résorption a été lancé par les autorités locales pour reloger ailleurs ces habitants sans droits ni titre, afin de récupérer la zone.

Platz nette veut garder trace de ce qui va disparaitre. Il montre l’infra-ordinaire et l’invisible, par le texte et l’image. En mettant en récit des modes d’habiter qui échappent à la plupart d’entre nous, ce projet interroge chacun et chacune sur son rapport au monde et à l’autre, irrémédiablement étrange et étranger, à l’abri des regards derrière des palissades ou simple numéro dans un dossier.
  A lire, à regarder
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Publications sur la même thématique :
Bidonvilles : comment s’en sortir
Sciences humaine n°353, 2022 / Frédérique Letourneux
Nantais venus d'ailleurs
Revue 303, N°184 "Flux", 2025 / Frédérique Letourneux, Armandine Penna
Résorption des bidonvilles, une volonté à consolider
Lien social, 2023 / Armandine Penna
Projet photographique Ioana et la jupe rouge
Série et film photo, 2020 / Armandine Penna
Derrière le muguet, les petites mains roumaines du maraichage nantais
Médiacités Nantes, 2018 / Armandine Penna









    Un volet documentaire


    Depuis plusieurs années, Nantes est devenu l’un des pôles les plus attractifs de France pour les Roms de l’ouest de la Roumanie. Si certains vivent en appartement dans le locatif privé ou en HLM, d’autres continuent de vivre sur des « platz ». La DIHAL (Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement) estime ainsi qu’en juin 2025, l’agglomération compte 64 bidonvilles regroupant quelque 3300 habitants, dont un tiers d’enfants, soit la plus importante concentration de Roms après la région parisienne. La ville détient même le record du plus grand bidonville de France métropolitaine, celui dit de « la prairie de Mauves » qui regroupe environ 200 familles (660 personnes). Les premières familles s’y sont installées en 2018 et le terrain s’est ensuite développé en différents « hameaux », au fil des expulsions successives d’autres sites de la métropole.

    Or au début de l’année 2024, les autorités ont annoncé la disparition de ce terrain pour récupérer une réserve foncière stratégique dans cette partie de la ville qui se développe et y installer un Pôle d’écologie urbaine. L’opération, dotée d’un budget de 80 millions d’euros doit se dérouler sur quatre ans, avec l’objectif d’accompagner les familles au cas par cas vers une solution de relogement, soit en appartement, soit sur des terrains stabilisés ou des terrains familiaux.

    D’un point de vue géographique, le terrain est situé à la lisière des espaces urbains habités, coincé entre la déchetterie et le périphérique, à l’Est de la ville. D’un point de vue symbolique, il est relégué, invisibilisé et même encadré depuis l’automne 2024 par de longues palissades taguées qui visent à circonscrire les limites du terrain. La frontière spatiale renforce ainsi la frontière sociale et réciproquement. 

    Les familles qui y vivent sont des ressortissants roumains, en grande majorité Rom fuyant la misère de leurs villages d’origine situés dans le judet de Mehedinți (dans le sud-ouest du pays, à la frontière avec la Bulgarie et la Serbie).  Ici, la grande majorité travaillent d’entre eux chez les maraichers de la région ou dans la logistique et la construction, économisant mois après mois pour espérer pouvoir construire une maison au pays.

    Pour rendre compte de ce processus titanesque de démantèlement, nous suivons la vie de quelques familles dans leur quotidien. Ce travail documentaire qui allie approches ethnographique et photographique entend garder trace de l’ensemble du processus. Garder trace est d’autant plus important que le temps long de la gestion administrative des dossiers tend à occulter les infimes préoccupations qui agitent toute vie humaine, surtout quand la précarité renforce l’incertitude quant à l’avenir.











    Un volet participatif


    Ce travail documentaire veut aussi s’appuyer aussi sur un axe participatif avec L’œil parlant, via des atelier mobilisant la méthode de la photographie participative visant à produire avec les personnes concernées des images et des récits sur leur vie au bidonville.



    développement à venir


    © Armandine Penna - 2024